{"id":446,"date":"2020-03-04T17:42:22","date_gmt":"2020-03-04T16:42:22","guid":{"rendered":"https:\/\/revelezh.infocomlannion.fr\/static\/?p=446"},"modified":"2020-03-12T10:26:11","modified_gmt":"2020-03-12T09:26:11","slug":"446","status":"publish","type":"post","link":"https:\/\/revelezh.infocomlannion.fr\/static\/2020\/03\/04\/446\/","title":{"rendered":"Le commerce \u00e9rotique en berne dans les C\u00f4tes-d&rsquo;Armor"},"content":{"rendered":"<p><strong>Les sex-shops et les love-shops peinent \u00e0 survivre dans les C\u00f4tes-d\u2019Armor. Entre la concurrence des sites Internet, l\u2019achat en ligne et des \u00abcentres commerciaux du sexe\u00bb, difficile pour des boutiques d\u2019entrepreneurs ind\u00e9pendants de garder une client\u00e8le stable et de d\u00e9gager des b\u00e9n\u00e9fices.\u00a0<\/strong><\/p>\n<p>Le <em>\u00ab qu\u2019en dira-t-on \u00bb<\/em> co\u00fbte cher aux propri\u00e9taires de sex-shops et de love-shops costarmoricains. De cinq il y a encore dix ans, il n&rsquo;en reste plus qu&rsquo;un seul. Alors qu\u2019en 2013, Ga\u00eblle Sanguillon ouvrait son premier \u00e9tablissement destin\u00e9 \u00ab <i>aux couples d\u00e9sireux, entre autres, de stimuler leur libido \u00bb,<\/i> Rouge Passion \u00e0 Lannion,\u00a0la demande en mati\u00e8re d\u2019objets sexuels a \u00e9volu\u00e9 et leurs supports de commercialisation aussi.<\/p>\n<p style=\"text-align: center;\"><iframe style=\"border: none;\" title=\"Sex shops et \u00e9tablissements libertins dans les C\u00f4tes d'Armor\" src=\"\/\/datawrapper.dwcdn.net\/gvl2q\/3\/\" width=\"600\" height=\"400\" frameborder=\"0\" scrolling=\"no\" aria-label=\"Symbol map\"><\/iframe><\/p>\n<h6 style=\"text-align: center;\"><em>Sous r\u00e9serve de mise \u00e0 jour<\/em><\/h6>\n<p>Il n\u2019a pas fallu plus de cinq ans \u00e0 l\u2019entrepreneure pour faire faillite et fermer son magasin. Bien qu\u2019elle nie le regret de voir son entreprise tomber \u00e0 l\u2019eau, Ga\u00eblle Sanguillon avait d\u00fb engager, \u00e0 son ouverture, toute sa fortune.<i> \u00ab Il n\u2019y a aucune aide pour ce genre d\u2019\u00e9tablissement, ni de l\u2019Etat ni des banques <em>\u00bb<\/em><\/i>\u00a0car ils font l&rsquo;objet, comme les bars, d&rsquo;une l\u00e9gislation particuli\u00e8re.<\/p>\n<h4><b>Anonymat et gratuit\u00e9 sur internet<\/b><\/h4>\n<p>D\u2019une mani\u00e8re g\u00e9n\u00e9rale, depuis leur gen\u00e8se dans les ann\u00e9es 70, les sex-shops ont bien \u00e9volu\u00e9, explique Baptiste Coulmont, professeur de sociologie \u00e0 l&rsquo;universit\u00e9 Paris 8. Il est l\u2019auteur de <em>Sex-shops, une histoire fran\u00e7aise<\/em>. Selon lui, c\u2019est cette \u00e9volution qui marque aussi leur perte aujourd&rsquo;hui. \u00ab <i>Les gadgets sexuels ne rapportent presque rien, financi\u00e8rement. \u00bb<\/i><\/p>\n<p>Ces \u00e9tablissements \u00e9taient surtout fr\u00e9quent\u00e9s pour leurs cabines. Elles servaient de lieux de visionnage de films pornographiques mais aussi de lieux de rencontres, notamment entre personnes du m\u00eame sexe. C\u2019est dans ce contexte qu\u2019internet a fait du mal \u00e0 l&rsquo;industrie. Les clients sont devenus totalement anonymes. <em>\u00ab<\/em> <i>Avec les portables, les gens ont leurs images masturbatoires avec eux en permanence. \u00bb<\/i>\u00a0Les vid\u00e9os vendues en sex-shops se retrouvent sur internet gratuitement<i>. \u00ab Si j\u2019avais eu un site web, mon magasin aurait pu survivre, seulement, cela demande de l\u2019argent suppl\u00e9mentaire \u00bb<\/i>, assure Ga\u00eblle Sanguillon.<\/p>\n<h4><b>Petits patrons contre g\u00e9ant de la sexualit\u00e9\u00a0<\/b><\/h4>\n<p>\u00c0 la fois pr\u00e9sent dans les rues et sur la toile, le groupe Dorcel, lui, n&rsquo;a pas loup\u00e9 le coche du commerce 2.0. Un <em>\u00ab<\/em> <i>supermarch\u00e9 du sexe \u00bb<\/i>, sign\u00e9 Marc Dorcel s\u2019est install\u00e9 \u00e0 Langueux en 2016. \u00ab <i>D\u00e8s son ouverture, mon chiffre d\u2019affaires est pass\u00e9 de 40 000 euros \u00e0 15 000 euros \u00bb,<\/i> d\u00e9plore Ga\u00eblle Sanguillon.<\/p>\n<p>\u00c0 l\u2019origine, Marc Dorcel devait ouvrir son 5e magasin breton \u00e0 Lannion mais Paul le Bihan, maire de Lannion, a mis son veto pour emp\u00eacher son installation sur le territoire. Si bien que la cha\u00eene est partie s&rsquo;installer dans une ville voisine et qu&rsquo;elle a rafl\u00e9 tous les clients des sex-shops et love-shops aux alentours.<em> \u00ab Internet n&rsquo;entre pas en confrontation avec le commerce physique puisque nos clients ach\u00e8tent en boutique et en ligne. Le groupe Dorcel dispose de grosses plateformes d&rsquo;e-commerce qui sont sous notre r\u00e9seau <i>\u00bb<\/i><\/em>,\u00a0 pr\u00e9cise Gr\u00e9gory Dorcel.<\/p>\n<p>Ce service global n&rsquo;influe en rien sur les performances du groupe puisqu&rsquo;il ouvre <em>\u00ab<\/em>\u00a0<em>5 \u00e0 10 magasins par ann\u00e9e <i>\u00bb. <\/i><\/em>Selon lui, tout repose sur la confiance des clients et l&rsquo;expertise des magasins : <em>\u00ab<\/em> <em>U<\/em><em>n client peut tr\u00e8s bien se rendre en boutique pour demander des explications, toucher un produit. <i>\u00bb<\/i><\/em><\/p>\n<p>Les magasins g\u00e9r\u00e9s par des entrepreneurs dans des petites villes se retrouvent confront\u00e9s aux m\u00eames probl\u00e9matiques que les petits commerces. Les clients pr\u00e9f\u00e8rent se tourner vers de plus grandes surfaces o\u00f9 l\u2019acheteur est anonymis\u00e9, install\u00e9s dans des\u00a0 villes plus importantes.<\/p>\n<h4><strong>Le virage des love-shops<\/strong><\/h4>\n<p>De plus, la l\u00e9gislation trop contraignante n&rsquo;a pas aid\u00e9. D\u00e8s 2002, elle a pouss\u00e9 les entrepreneurs \u00e0 s\u2019installer sous l\u2019\u00e9tiquette de love-shops. Les \u00e9tablissements identifi\u00e9s comme sex-shops n&rsquo;ayant notamment pas l&rsquo;autorisation de s&rsquo;installer \u00e0 moins de 200 m\u00e8tres d\u2019\u00e9tablissements scolaires. Ils sont \u00e9galement interdits aux mineurs.<\/p>\n<p>Selon Gr\u00e9gory Dorcel, directeur g\u00e9n\u00e9ral du Groupe Dorcel, les sex-shops s\u2019adressent d\u2019abord \u00e0 une client\u00e8le masculine. Leurs produits sont ouvertement sexuels et pornographiques, l\u00e0 o\u00f9 les love-shops proposent une gamme ouverte \u00e0 un public moins socialis\u00e9 \u00e0 la pornographie.<\/p>\n<p><em>\u00ab Les comportements et les m\u0153urs ont \u00e9volu\u00e9. Les love-shops se sont adapt\u00e9s aux besoin des consommateurs. <i>\u00bb<\/i><\/em>\u00a0On y trouve plus de lingeries et de sextoys conventionnels comme des masturbateurs ou des godemichets. Si les love-shops ont pris le pas sur les sex-shops, c&rsquo;est avant tout \u00e0 cause des mentalit\u00e9s qui ont \u00e9volu\u00e9, les acheteurs cherchant beaucoup moins les produits en lien avec la sexualit\u00e9 hard.<\/p>\n<h4><b>Des mentalit\u00e9s qui peinent \u00e0 \u00e9voluer \u00e0 Lannion<\/b><\/h4>\n<p>Constat qui ne semble pas s&rsquo;appliquer toutefois \u00e0 la ville de Lannion o\u00f9 Ga\u00eblle Sanguillon affirme carr\u00e9ment avoir crois\u00e9 une \u00ab <i>perversit\u00e9 \u00bb <\/i>mal assum\u00e9e.<i>\u00a0 <\/i>Les habitants du Tr\u00e9gor n&rsquo;\u00e9taient pas les premiers \u00e0 pousser sa porte. Ses clients venaient d&rsquo;autres villes comme Paimpol, Guingamp et Saint-Brieuc, explique-t-elle : <i>\u00ab Les clients veulent de la discr\u00e9tion. \u00bb<\/i><\/p>\n<p>Elle qui ne proposait pas de produits pornographiques au d\u00e9but a d\u00fb vite s\u2019adapter \u00e0 une demande d\u2019objets sexuels plus hard. \u00ab <i>Mon love-shop est devenu un sex-shop <\/i><em>\u00bb<\/em><i>,<\/i> r\u00e9sume Ga\u00eblle Sanguillon d\u00e9courag\u00e9e par l\u2019\u00e9cart entre les demandes. \u00ab <i>Soit les clients me demandaient des produits soft, soit, au contraire, ils me demandaient des objets pouss\u00e9s, parfois m\u00eame \u00e0 caract\u00e8re p\u00e9dophile. \u00bb<\/i><\/p>\n<p>R\u00e9sultat, la commer\u00e7ante a fini par transformer son commerce \u00e0 l&rsquo;inverse de la tendance. Apr\u00e8s comment r\u00e9sister ? Les commer\u00e7ants qui veulent se sp\u00e9cialiser dans la sexualit\u00e9 aujourd&rsquo;hui n&rsquo;ont pas le choix, ils doivent moderniser leurs \u00e9tablissements et leurs plateformes de vente.<\/p>\n<p>Ga\u00eblle Sanguillon quant \u00e0 elle, est devenue aide-soignante en Ehpad. Aujourd&rsquo;hui, son ancien m\u00e9tier lui permet de se montrer plus compr\u00e9hensive quant \u00e0 la sexualit\u00e9 de ses patients, l\u00e0 o\u00f9 la sexualit\u00e9 des seniors demeure un tabou.<\/p>\n","protected":false},"excerpt":{"rendered":"<p>Les sex-shops et les love-shops peinent \u00e0 survivre dans les C\u00f4tes-d\u2019Armor. 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