Après le scandale des pilules de 3e génération, les femmes se sont tournées vers le stérilet, qu’il soit en cuivre ou hormonal. Aujourd’hui, le stérilet est la deuxième contraception la plus utilisée en France. Mais ce dispositif intra-utérin (DIU) est encore la cible de nombreux préjugés.
Début 2016, Emma Deunf décide de se faire poser un stérilet. Auparavant sous pilule, elle a eu du mal à supporter les nombreux effets secondaires et a décidé de changer de contraceptif. « En plus de ces effets indésirables, j’avais du mal à supporter le fait que je ne ressentais plus mes cycles naturels comme l’ovulation lorsque j’étais sous pilule », ajoute la jeune étudiante. Elle se tourne alors vers le stérilet en cuivre, un dispositif plus naturel qui lui évitait une autre source de stress : l’oubli de la pilule. Car quand on est sous stérilet, pas besoin d’y penser : une fois posé, il est fonctionnel durant quatre ou cinq ans.
Cependant, elle ne s’attendait pas à devoir changer de gynécologue pour y arriver. Alors que la Haute Autorité de la Santé préconise la pose du stérilet en premier recours, la réalité est toute différente. De nombreux gynécologues refusent de poser ce dispositif intra-utérin chez les nullipares, c’est-à-dire les jeunes femmes n’ayant jamais accouché.
Pourtant, dans son rapport annuel, l’HAS explique que « les DIU doivent être proposés à toutes les femmes, quelle que soit la parité (nullipares comprises), dès lors que les contre-indications à la pose, les risques infectieux, le risque de grossesse extra-utérine et les situations à risque ont été écartés.
Le jour de la pose, Emma se rend au Centre de planification familiale de Quimper mais apprend au dernier moment que l’intervention ne sera pas possible. « Vous êtes nullipare et vous n’avez que 17 ans. Si on vous pose ce stérilet, on devra en poser plusieurs jusqu’à l’âge de votre premier enfant et cela suppose des risques. C’est le chef d’unité qui a décidé de changer de direction et de ne plus proposer le stérilet comme première contraception », lui explique la sage-femme.
Une expérience qu’Emma n’est pas la seule à avoir vécue. Lena Plumer-Chabot a dû se rendre chez une sage-femme libérale après le refus de son gynécologue. Ce dernier lui a affirmé que le stérilet n’était pas adapté pour une première contraception et qu’il valait mieux prendre la pilule.
Les raisons de ce faible recours au stérilet chez les femmes sans enfant sont complexes. Les femmes et les professionnels de santé ont une représentation négative de cette méthode. Ainsi, dans une enquête de l’Isern, 69 % des gynécologues et 84 % des généralistes pensent que la pose de ce dispositif intra-utérin chez les nullipares n’est pas recommandée alors même que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) affirme que le stérilet est le moyen de contraception le plus sûr qui existe.
Un basculement du paysage contraceptif vers le stérilet
« Depuis le scandale de la pilule de troisième génération, de plus en plus de femmes se font poser un stérilet », explique le gynécologue Alaa Fadel. Ce scandale concernant la micropilule a éclaté en 2013 suite à l’alerte de Marion Larat, une étudiante bordelaise devenue hémiplégique et aphasique à la suite d’une thrombose veineuse. Cet événement a modifié le paysage contraceptif français aussi bien au niveau individuel qu’institutionnel, les pilules de 3e et 4e génération n’étant plus remboursées par la Sécurité Sociale. Ainsi, une femme sur cinq affirme avoir changé de moyen de contraception depuis le débat médiatique de 2012-2013 sur les pilules. Le recours à la pilule a baissé, passant de 50 % à 41 % entre 2010 et 2013.
Le Dr Fadel, quant à lui, ne voit aucun risque à poser un stérilet chez les femmes nullipares. « Il n’y a rien de scientifique qui prouve qu’il ne faut pas poser de stérilet aux jeunes femmes n’ayant jamais accouché. Il faut juste faire les examens préalables nécessaires comme un frottis, une échographie et une prise de sang pour vérifier qu’il n’y a pas de grossesse.»